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Esther devant Assuérus – Caspar van den Hoecke (c. 1585 – 1648)

Huile sur panneau de chêne. Ecole Anversoise de la première moitié du XVIIe siècle, attribué à Caspar van den Hoecke.

Inspirée d’un épisode de l’Ancien Testament, notre composition représente l’imploration d’Esther auprès de son époux Assuérus, roi des Perses, aussi connu sous le nom grec de Xerxès. Esther et son peuple sont en effet menacés par un édit du ministre Aman condamnant les Juifs à la mort. L’étiquette interdisait toutefois à la reine de se présenter devant le roi sans être annoncée. Bravant cet interdit, Esther s’évanouit sous le coup de l’émotion après avoir supplié Assuérus d’annuler le décret. Magnanime, ce dernier pardonne son épouse d’un geste de son sceptre et consent à épargner son peuple. C’est l’auteur du décret, Aman, qui finit pendu à une potence que l’on voit en arrière-plan de notre tableau. Si les Juifs commémorent Esther lors de la fête de Purim, les chrétiens voient en elle une préfiguration de la Vierge. En effet, son intervention auprès du roi préfigure l’intercession de Marie auprès du Christ au jour du Jugement dernier : Esther avait obtenu la grâce des Juifs, la Vierge obtiendra le salut du genre humain. Mettant en avant la tolérance religieuse, ce thème connaît une actualité particulière au Grand Siècle, alors que la société est traversée par les querelles de religion.

Cette œuvre pleine de pathos, peinte en fins glacis, est représentative du style baroque anversois impulsé par Pierre Paul Rubens et brillamment représenté ici par l’un de ses émules, Caspar van den Hoecke. Ce déploiement de personnages dans une architecture palatiale selon un ordre horizontal rappelle les compositions de Paul Véronèse, qui représenta cet épisode vers 1555 (musée des Offices à Florence). Pierre Paul Rubens s’est vraisemblablement inspiré du maître vénitien pour sa propre interprétation du sujet, aujourd’hui disparue, mais dont nous conservons le souvenir grâce à une gravure datée de 1631. A l’instar de Rubens, van den Hoecke restitue l’émotion des personnages par un traitement expressif des visages et de subtils jeux de mains. Ne négligeant toutefois pas les détails, il porte une grande attention à la réalisation des étoffes et des textures, dont les volumes sont restitués par de fines touches. Ainsi, cette œuvre fait figure de synthèse entre la vivacité rubénienne et le souci du détail qui animait tant les peintres flamands tout au long du Siècle d’Or.

Le Kunsthistorisches Museum de Vienne conserve une autre version de cette composition de van den Hoecke dont les dimensions (54 x 77 cm), la mise en scène et la palette de couleurs diffèrent quelque peu : la peinture de Vienne se révèle peu ouverte sur l’extérieur, alors que la nôtre présente une cour bordée d’arbres où une foule s’agite. Aussi, dans notre version, plutôt qu’une fenêtre à travers laquelle le spectateur assiste à un repas, van den Hoecke offre à notre regard la perspective de la façade du palais.

 

Notre peinture est soulignée par un puissant cadre à profil renversé en placage de ronce et guilloché noir.

Dimensions : 44 x 59,5 cm – 68 x 83 cm avec le cadre

Biographie : Caspar ou Gaspar van den Hoecke (Anvers, c. 1585 – Id. ap. 1648) commence son apprentissage auprès de Juliaan Teniers à Anvers en 1595. Devenu membre de la guilde de saint Luc en 1603, il forme de nombreux apprentis parmi lesquels ses deux fils, Jan et Robert van den Hoecke. Son corpus est principalement constitué de peintures religieuses.  

 

Bibliographie :

  • D’HULST, R. -A., VANDENVEN, M., Corpus Rubenanium Ludwig Bruchard : The Old Testament (part III), Londres, Harvey Miller, 1968.

  • MARTIN, John Rupert, Corpus Rubenanium Ludwig Bruchard : The ceiling paintings for the jesuit church in Antwerp (part I), Londres, Harvey Miller, 1967.

  • REAU, Louis, Iconographie de l’art chrétien, Paris, PUF, 1957.

  • VLIEGHE, Hans, Flemish Art and Architecture, 1585-1700, New Haven, Yale University Press, 1998, p. 109.

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