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Christine de Lorraine – Atelier de Santi di Tito (1536 – 1603)

Huile sur toile. Florence, atelier de Santi di Tito, c. 1600.

Les traits particuliers de la personne représentée sur ce puissant portrait ne laissent aucun doute sur le fait qu’il s’agit là de la duchesse de Toscane Christine de Lorraine (1565 - 1637) dont la riche toilette démontre la volonté des Médicis d’être les égaux des rois. Ici, l’opulence est un véritable manifeste politique qui s’incarne dans les nombreuses perles qui font resplendir sa chevelure tressée et le velours noir de sa robe. Son collier serti de pierres précieuses n’est pas sans rappeler la ceinture portée par Marie de Médicis dans son portrait de noce réalisé en 1600 par Santi di Tito (Galerie Palatine, Florence). Si le médaillon central orné de deux C entrecroisés surmontés d’une couronne pourrait être le monogramme des parents de Christine de Lorraine (Charles III de Lorraine et Claude de France), il correspond également à celui de Catherine de Médicis qui fut pour notre modèle une véritable mère adoptive. Ainsi, en signe de son affection, la reine de France légua à « Madame Chrestienne Princesse de Lorraine sa petite fille pour l’avoir nourrie comme sa fille […] la moitié de ses meubles, cabinets, bagues et joyaux ». Nous supposons que ce bijou a fait partie de ce leg.

Au-delà d’entretenir la mémoire dynastique des Médicis, Christine de Lorraine se fait ici l’ambassadrice de la bonne santé financière du duché alors que son époux, le grand-duc Ferdinand Ier de Médicis (1549 – 1609), a repris en main la Toscane après le très impopulaire règne de son frère, François Ier de Médicis. En effet, sa réhabilitation du port de Livourne et ses ordonnances favorables au commerce international enrichirent considérablement le duché. De son côté, Christine de Lorraine œuvra en faveur des arts et des sciences, en pensionnant le célèbre graveur Jacques Callot et en offrant son soutien à Galilée alors qu’il était en conflit avec le Saint-Siège. Ayant survécu vingt-huit ans à son époux, Christine de Lorraine marqua durablement Florence en restant proche du pouvoir lors des règnes de son fils, Cosme II de Médicis, et de son petit-fils, Ferdinand II de Médicis.

L’apparente austérité de notre portrait doit être mise en perspective avec la codification des comportements et des manières aristocratiques de l’époque selon les canons diffusés par les prestigieuses monarchies françaises, autrichiennes et espagnoles. L’air du temps est alors au principe de convenance et à l’exigence de dignité comme en atteste le corpus de Santi di Tito à l’atelier duquel nous rattachons notre peinture. Durant le dernier tiers du XVIe siècle, ce maître de l’école florentine prend la suite du Bronzino comme premier peintre de l’aristocratie médicéenne. Derrière l’apparente simplicité ornementale de ses œuvres, il parvient à retranscrire toute l’aspiration de ses modèles à atteindre une fixité iconique, seule capable de les élever au-dessus des contingences éphémères et des destins ordinaires, comme le montre son Portrait de Christine de Lorraine (Palazzo Publico, Sienne) avec lequel notre composition peut être mise en relation.

Ce majestueux portrait est présenté dans un cadre italien ancien en bois sculpté et doré.

Dimensions : 60 x 48 cm – 81 x 70 cm avec le cadre

Vendu avec facture et certificat d’expertise.

Biographie : Peu de chose sont connues de la jeunesse de Santi di Tito (Sansepolcro, 1536 – Florence, 1603) avant son arrivée à Florence vers 1550 où il se forme à la peinture auprès du Bronzino et de Baccio Bandinelli. Dès 1555, il devient peintre à la cour des Médicis sous la direction de Vasari avant de s’en aller pour Rome de 1558 à 1564. De retour à Florence, il tempère son maniérisme en s’attachant davantage aux effets de lumière et à la couleur selon un style que les historiens d’art qualifient de transition vers le baroque, conformément aux prescriptions nouvelles du Concile de Trente en matière d’art sacré. Son talent est reconnu par ses pairs comme en témoigne un règlement de l’Académie de dessin de Florence de 1602 qui le mentionne comme un artiste de premier ordre dont l’avis doit être requis pour l’exportation des œuvres d’art. De nombreux artistes se sont formés dans son atelier, au premier rang desquels Antonio Tempesta et son propre fils, Tiberio Titi, qui pourrait avoir participé à l’exécution de notre tableau.

 

Bibliographie :

  • CAFFIER, Michel, Au Panthéon des Dames de Lorraine : Sept destins de femmes de caractère, Éditions La Nuée Bleue, 2008.

  • DEKONINCK, Ralph, La vision incarnante et l’image incarnée : Santi di Tito et Caravage, Paris, Éditions 1:1, 2016.

  • Florence, Portraits à la cour des Médicis, (cat. exp., Paris, Musée Jacquemart-André, 11 Septembre 2015-25 Janvier 2016), Paris, Culturespaces, 2015.

  • SPALDING, Jack, Santi Di Tito, New York, Garland Pub., 1982.

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