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Mercure présidant aux Arts – Ecole flamande vers 1600

Huile sur panneau de chêne, école flamande du début du XVIIe siècle, suiveur de Hendrick Goltzius.  

Afin de faciliter l’interprétation de notre peinture, il nous faut intégrer l’idée que la notion d’arts en cette fin de Renaissance n’est pas tout à fait celle de la période moderne. Elle intègre en effet une classification qui remonte à l’Antiquité, celle des arts libéraux (qui concernent le pouvoir de la langue : grammaire, dialectique, rhétorique, et celui des nombres : arithmétique, musique, géométrie, astronomie).

Placée au centre de la composition, une sculpture représentant le dieu Mercure est érigée en véritable « totem » protecteur des arts. Ainsi une foule d’artistes et d’intellectuels se masse sur une place autour de la statue. Tandis qu’un peintre s’apprête à poser les premières touches de couleur sur le portrait qu’il a dessiné, un sculpteur achève le modelage d’une figure de marbre au pied du chevalet. Des comédiens sur une scène à l’arrière-plan donnent une représentation et un orateur vêtu de noir, probablement adepte de rhétorique, harangue la foule. D’autres disciplines intellectuelles sont illustrées par les deux protagonistes, philosophes ou poètes, qui conversent au premier plan un livre à la main. L’astronomie n’est pas en reste et les symboles des Gémeaux et de la Vierge dans le ciel rappellent que Mercure est l’astre protecteur de ces deux signes zodiacaux.

La composition témoigne de l’érudition que l’humanisme de la Renaissance a diffusé dans la société de ce début de XVIIe siècle, créant des passerelles entre science et création artistique, entre connaissance et art. Et pour ne pas faire oublier au spectateur que Mercure préside à la destinée des voyageurs, un navire prend la mer sur l’horizon lointain.

Notre tableau de chevalet est un rare exemple de transposition d’un sujet gravé en une peinture. Il reprend la gravure réalisée en 1596 par Jan Saenredam (1565 – 1607) d’après un dessin de Hendrick Goltzius (1558 – 1617) dont un exemplaire est conservé au British Museum.

 

Notre riche composition est magnifiée par son cadre d’époque guilloché en bois noirci.

Dimensions : 28,5 x 21,7 cm le panneau – 56 x 49 cm avec le cadre

Biographie :

Hendrick Goltzius (Mülbracht 1558 – Haarlem, 1er jan. 1617) naît dans une famille de peintres mais commence sa carrière d’artiste en devenant l’apprenti du graveur Dirck Volkertsz. Coornhert en 1574. Il suit son maître à Haarlem en 1577 où il travailla jusqu’à la fin de sa vie, à l’exception d’un séjour en Italie l’année 1591 qui eut un impact considérable sur son art. Son ami, Karel van Mander, relate ainsi l’influence qu’eurent sur lui les « douces peintures de Raphaël » mais surtout le « naturalisme des peaux du Corrège », les « importants contrastes d’ombre de Titien » et les « superbes matériaux et tissus de Véronèse ». Ces découvertes le poussèrent à abandonner le maniérisme tardif de son début de carrière au profit d’une approche plus classicisante basée sur la Renaissance tardive et à s’initier à la peinture à l’huile, medium qu’il ne pratiquait pas avant cela. En 1582, Goltzius ouvre sa propre imprimerie, ce qui lui permet de diffuser ses gravures et de s’enrichir considérablement. Ayant eu une santé précaire toute sa vie, il meurt en 1617, la ville de Haarlem ayant célébré ses funérailles en faisant sonner les cloches pendant une demi-heure.

Bibliographie :

- DACOSTA KAUFMANN, Thomas, L’école de Prague : la peinture à la cour de Rodolphe II, Flammarion, 1984

- NICHOLS, Lawrence W., The Paintings of Hendrick Goltzius, 1558-1617, A Monograph and Catalogue Raisonné, Davaco Publishers, 2013,

- BIALLER, Nancy, Chiaroscuro Woodcuts, Hendrick Goltzius and his time, Snoeck Ducaju et Zoon, 1992

- VELDMAN, Ilja M., Images for the eye and soul : function and meaning in Netherlandish prints (1450-1650), Primavera Pers, Leyde, 2006

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