Ulysse et Circé – Ecole romaine de la première moitié du 17e siècle
Ecole romaine de la première moitié du 17e siècle. Plume, encre brune et lavis gris sur papier vergé.
Dans l’espace d’une seule feuille nous est racontée l’histoire d’Ulysse et Circé. Ayant accosté sur l’île d’Aea, le célèbre héros grec envoie son capitaine Euryloque et quelques compagnons en reconnaissance. Apercevant sur leur chemin un palais magnifique, ceux-ci décident d’y entrer, à l’exception de leur capitaine resté méfiant. Circé, maîtresse des lieux, leur fait bon accueil en leur proposant un riche banquet. Les marins acceptent avec joie mais aussitôt le repas avalé, leur hôte les transforme en animaux d’un simple coup de baguette. Ainsi les voyons-nous ici dessinés en hommes à tête de cerf, de taureau ou de lion, alors qu’un dernier malheureux est sur le point d’être également métamorphosé ! Ayant assisté à cet acte de sorcellerie, Euryloque s’en va prévenir Ulysse resté sur le bateau à gauche de la composition. Animé du désir de sauver ses hommes, le roi d’Ithaque est toutefois démuni face à cette magie. Hermès, descendant du ciel vers la trirème, va cependant intercéder en sa faveur en lui confiant une plante secrète qui lui permettra de contrecarrer les effets du breuvage maléfique de la sorcière. Dorénavant immunisé, le héros homérique parviendra à délivrer ses compagnons et finira par épouser Circé.
Notre dessin présente (en bas à droite) une marque de collection identifiée au Lugt sous le numéro L.712.
Alors que les limites des sciences naturelles étaient encore vagues, les érudits de l’Epoque Moderne se passionnaient pour les sciences occultes, à l’instar de l’alchimie qui fut pratiquée jusqu’au XVIIIe siècle. A cette aune, les sabbats de sorcières et autres cabinets d’alchimistes peints par les artistes du Nord reflètent cet intérêt pour l’occultisme. Convenant mieux à la sensibilité méridionale de notre artiste, la légende d’Ulysse et Circé lui offre l’opportunité de multiplier les symboles ésotériques tels ce livre ouvert sur d’obscurs symboles, ces hommes transformés ou ce miroir au reflet hallucinatoire. Par un dessin à la plume, vif mais précis, il livre un récit complet dans un format restreint. Bien que nombreux, les détails n’y paraissent pas surabondants grâce à la division de la composition selon des nuances de lavis. Ainsi, Hermès et Ulysse interagissent dans un lointain clair alors qu’un gris plus soutenu est utilisé pour capter l’attention sur les métamorphoses du premier plan. Bien que peu représenté dans l’histoire de l’art, ce thème a retenu l’attention d’artistes ayant séjourné à Rome tels Antonio Tempesta, qui le grava en 1606, ou encore Stradanus, qui le dessina en 1577. La composition baroque de ce dessin conjuguée à la théâtralité des figures nous permet de situer notre artiste au sein de l’école romaine du début du XVIIe siècle.
Notre dessin est présenté sous passe-partout et verre anti-reflet dans un cadre à décor Bérain de style.
Dimensions : 13,5 x 19,5 cm – 32,5 x 38,5 cm avec le cadre.
Bibliographie :
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GRIMAL,Pierre, Dictionnaire de mythologie grecque et romaine , Paris, PUF, 1999.
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PETRIOLI TOFANI, Annamaria, Le dessin : formes, techniques, significations, Instituto Bancario San Paolo Di Torino, 1979.
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ROSENBERG Pierre, Les dessins de la collection Mariette, écoles italiennes et espagnoles, Paris, Somogy Editions, 2019.
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SCIOLLA, Gianni Carlo, Le dessin : collections publiques italiennes, Istituto Bancario San Paolo di Torino, 1994.